Vivre (et vive) le changement


Vivre et vive le changement

Changer…

Ce qui rassemble les Humus Pays d’Oc, c’est leur volonté de participer à la transition et d’intégrer un réseau local de motivés qui œuvrent en faveur de la transition vers des territoires plus durables, autonomes et résilients.

Changer, changer de cadre de vie, changer de métier, changer de rôle social, changer nos modes de relations aux autres, changer notre périmètre familial… 

De l’idée à la décision, de la décision à la mise en action, de la mise en action à la concrétisation autant d’étapes décisives à franchir parfois faciles, parfois épineuses, tantôt rapides, tantôt longues et coûteuses.

Réussir à franchir ces étapes est affaire d’envie, de détermination personnelle, de réflexion, d’organisation, mais ce n’est pas qu’une question de volonté, de moyens ou de compétences. Tout projet, même le plus terre à terre, est aussi un voyage intérieur.

Cet article aborde non pas la dimension, nécessaire et passionnante, de la conduite de projet mais la dynamique humaine, donc psychique et émotionnelle, qui se met à l’œuvre en chacun de nous, de manière plus ou moins prégnante, lorsque nous sommes concernés par le changement, qu’il soit subi ou désiré.

Les travaux d’Elisabeth Kubler Röss repris par Georges Kohlrierser font références pour comprendre ce qui se vit à l’échelle individuelle ou collective lorsqu’un événement, interne ou externe, positif ou négatif, entraine un changement dans nos existences.

Le changement nous amène à nous confronter à des pertes, pertes de liens, de repères, de biens matériels, de certitudes, d’aptitudes, de capacités, de confort, de position sociale ou professionnelle, de sens, d’illusions, … Il y a différentes pertes et pour chaque personne les pertes ont une valeur différente. Ces pertes constituent des attachements auxquels il est difficile de renoncer car ils sont sources de signes de reconnaissance indispensables à notre équilibre en tant que personne.

Et qui dit perte, dit deuil ; le deuil étant compris comme un processus, naturel, de séparation d’avec des éléments qui nous constituaient et nous « nourrissaient » jusque-là. Ce processus est un parcours interne, au cours duquel nous allons passer par différents états émotionnels, questionnements, comportements. Prendre conscience dans l’ici et maintenant de ce que nous vivons, accepter de regarder avec authenticité ce qui se manifeste, nous permet d’éviter de ralentir notre adaptation au changement, de rester bloqué à l’une des étapes de ce processus, voire d’entrer dans du détachement.

Je vous propose de vous prêter à un exercice. Prenez un temps pour vous isolez mentalement du flot de vos occupations ou préoccupations actuelles. Fermer les yeux et faire plusieurs respirations lentes et profondes peut vous aider. Passez en revue ces derniers mois ou dernières années et identifier le ou les situations de changements que vous avez vécues ou que vous vivez actuellement. Choisissez-en une et passez-là au crible des étapes décrites ci-après.

Ce processus est le suivant :

Etape 1 : Cela commence par un « déclencheur » qui produit une rupture, point de départ du processus. Cette rupture peut être souhaitée comme une démission, un déménagement, un nouveau travail, une naissance … ; elle peut être subie comme un licenciement, une maladie, une séparation … ou elle peut être la fin d’un cycle personnel qui se manifeste par de la lassitude, un sentiment de routine… Plus la rupture est brutale, du fait de la soudaineté de l’information, de l’attachement à la situation antérieure ou de la rudesse de l’événement ou des mots utilisés, plus le choc est violent et plus la traversée de ce parcours pourra nécessiter du temps et de l’énergie.

Etape 2 : Vient alors l’étape du déni, le refus de la réalité ou d’une partie de celle-ci. Il s’agit d’un mécanisme de défense psychique de fuite, d’évitement ; nous nous protégeons en mettant à distance, plus ou moins consciemment, la dimension émotionnelle. On comprend aisément l’utilité de cette étape lorsque le changement n’est pas souhaité mais qu’en est-il lorsque le changement est désiré ? Imaginez que votre projet de vie vous ait amené à déménager à la campagne ; enfin vous avez réussi à vous extraire du rythme et de la pollution urbaine ! Il est fort possible que vous omettiez ou plutôt sous-estimiez la contrainte d’adapter vos modes de transport, le coût financier ou le temps de vos déplacements ; toutes sortes d’informations « évidentes » que vous allez « fortuitement » ignorer dans un premier temps et qui se rappellent à vous dans la poursuite de votre projet.

Etape 3 : Au fur et à mesure que la réalité du changement se précise, nous nous confrontons a du ressentiment, de l’amertume, de l’agacement ; cela va du ronchonnement à l’accusation, voire la fureur. En fait, nous continuons à nous défendre, à repousser la réalité, non plus par le rejet mais par la colère. Nous recherchons un coupable : nous accusons les responsables apparents du changement par des récriminations : « C’est pas pour ça que j’ai signé ! », « Si je tenais l’imbécile qui… » ; ou bien, nous tournons cette colère contre nous-même, nous reprochons d’avoir manqué de clairvoyance, d’avoir fait preuve de négligence, nous culpabilisons : « mais qu’est-ce que je peux être idiot », « c’est de ma faute, j’aurais dû… ».

Cette étape est souvent associée à de la peur, de l’anxiété pour soi, ou pour les autres. Elle peut être ponctuelle ou prendre la forme d’angoisse. Nous percevons notre environnement comme étant source de dangers insurmontables ; peur de l’inconnu, peur de nouvelles difficultés, peur de ne pas être à la hauteur – « Comment, je vais faire ? », « Qu’est-ce qu’ils vont devenir ? ». Avec ces peurs, des problèmes concrets matériels, d’organisation, d’argent, … apparaissent.

Etape 4: Vient un temps de marchandage ; nous tentons de négocier avec le sort ; nous recherchons une contrepartie, souvent irréaliste ou chimérique, forme de compensation matérielle et physique que nous percevons comme la condition nécessaire pour accepter la situation. « Si je dois passer deux fois plus de temps en transport, faut que ça paie davantage ».

Etape 5: Puis nous contactons de la tristesse ; c’est une étape décisive et difficile car nous prenons conscience que le changement ou la perte est inéluctable. Cette étape donne l’impression d’aller vers le pire car le niveau d’énergie est bas ; nous nous mettons en retrait, nous sommes moins communicants, nous pouvons nous montrer apathique, découragés, abattus, déprimés. « C’est fichu, je laisse tomber », « C’est trop dur, je me sens vidé ». Cependant, assez paradoxalement, elle est le signe que la perte est en train d’être intégrée ; la réalité commence à être affrontée. Elle permet un déclic vers un renouveau, vers l’acceptation, à la condition, toutefois, de ne pas s’enfermer dans une nostalgie inappropriée.

Etape 6 : Avec l’acceptation de la perte, nous changeons de regard, nous comprenons qu’il nous faut « faire avec ». Nous envisageons la situation avec un autre point de vue ; nous réorganisons notre vie pour prendre en compte ce qui est perdu, ce qui change. « Bon, ce n’est pas ce que j’avais prévu, je vais voir ce que je peux faire ». Nous décidons de remettre les mains sur le volant de notre propre véhicule, notre devenir. Progressivement, nous nous libérons de la culpabilité envers nous-même et nous faisons preuve de compréhension envers les autres.

Etape 7: La sortie définitive du processus de deuil s’accompagne d’une découverte du sens et d’une quête de renouveau : « Je me lance, j’y vais, j’ai envie de … ». Faire le bilan de ce qu’on a perdu, certes, mais aussi de ce qu’on a gagné, de ce qui a été possible, de ce qui a pu changer en nous, nous permet de voir le « cadeau caché », les bénéfices que l’on tire de la situation : « J’aurais jamais imaginé être capable de cela… ».

La dernière étape est celle de la sérénité et de la croissance ; on ne se sent plus en conflit ; on tourne la page, on regarde l’avenir et si un nouveau projet se dessine, on est capable d’y adhérer et même d’en être le moteur.

Comment gérer le deuil lié au changement ?

  • Reconnaitre la perte, les émotions qui viennent, ne pas les nier et se dire « oui, je suis en deuil d’un attachement ».
  • Ne pas rester seul, jouer la carte réseau, activer nos relations, rester en lien.
  • Ne chercher pas à accélérer, à précipiter le franchissement des étapes ; ce processus de deuil demande du temps.
  • Ce parcours est énergivore ; prenez soin de vous, reposez-vous et recharger vos réserves de plaisirs, de signes d’affection et de retours positifs de la part de vos proches.

Bon voyage et bon changeVent !

Ida pour les Humus Pays d’OC

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