Faire ses poussins soi-même


Faire ses poussins soi-même

Voir éclore des œufs est un moment magique.

Ce qui rassemble les Humus Pays d’Oc, c’est leur volonté de participer à la transition et d’intégrer un réseau local de motivés qui œuvrent en faveur de la transition vers des territoires plus durables, autonomes et résilients.

Voir éclore des œufs est un moment magique. Lorsqu’après 21 jours d’incubation, on voit à travers la couveuse une petite fêlure sur un œuf, qu’on entend ensuite ce léger ”crac”, et qu’enfin on observe le tout petit poussin qui essaie tant bien que mal de s’extraire de sa coquille, nous sommes comblés de joie, et on se dit intérieurement : Je suis papa ! La classe non ?

Incuber des œufs ne se fait pas en un claquement de doigts, un certain nombre de paramètres sont à prendre en compte, gage de la réussite de votre couvaison. Il faut d’abord se procurer les œufs : les siens, si vous avez un coq et des poules, ou ceux d’ailleurs. On peut en trouver facilement sur Internet, de toutes les races que l’on souhaite.

Un œuf fécondé ne se conserve pas plus de 10 jours. Au-delà de cette limite, les chances de réussite sont réduites. Pour stocker un œuf, on le dispose à plat, dans un endroit assez sombre et légèrement aéré (comme dans un pondoir), ou mis en boîte à œufs (que l’on tournera au moins 1 fois par jour, pour éviter que l’embryon ne se colle à une paroi de la coquille).

L’œuf est constitué de 4 éléments : du vitellus (jaune), de l’albumen (blanc), d’une coquille poreuse constituée de calcaire, et d’une poche d’air appelée chambre à air, au niveau du gros bout arrondi.

Mais comment se développe un embryon ?

4 ingrédients rentrent en jeu pour permettre le lancement du processus :

– La chaleur (37,5°C). Cette température est valable pour une couveuse à ventilation dynamique, dotée d’un ventilateur qui brasse l’air en permanence. Pour une couveuse à ventilation statique, mieux vaut se référer à la notice d’usage de la couveuse en question, la température varie en fonction du modèle choisi. Il est toutefois impératif de vérifier quotidiennement le thermomètre. Il se dérègle un peu à chaque fois que l’on ouvrira la couveuse pour mirer les œufs, rajouter de l’eau… Avant d’y ajouter les œufs, faites chauffer la couveuse et effectuez les réglages un jour à l’avance pour que les paramètres soient totalement stabilisés. Un petit écart de température ne va pas causer la perte des embryons. Ayez à l’esprit que la poule boit, s’alimente, se dégourdit… En revanche, un excès pourrait être préjudiciable

– L’air. Durant l’incubation, l’embryon va respirer grâce aux pores de la coquille : l’oxygène va lui parvenir grâce à un réseau de vaisseaux sanguins. L’œuf perdra environ 13 % de son poids en eau entre le 1er et le 19ème jour. Cela s’effectue par les pores de la coquille. L’eau perdue sera remplacée par de l’air, augmentant le volume de la chambre à air. Cette chambre à air est vitale pour 2 raisons. D’abord pour respirer, lors de la première phase d’éclosion. Le poussin perce la chambre pour y faire pénétrer sa tête afin de remplir ses poumons d’air. Ensuite pour découper la coquille : la chambre à air étant percée, le poussin a de l’espace supplémentaire dans sa coquille pour bouger et s’extraire facilement de sa protection.

– L’humidité. Ce paramètre est le plus délicat à régler, et aura une influence directe sur l’air présent dans l’œuf. Du 1er au 19ème jour d’incubation, il faut un taux d’humidité d’environ 40 %, et à partir du 19ème jour, un minimum de 65 %. Il faut beaucoup d’humidité au moment de l’éclosion afin d’empêcher que la membrane intérieure de la coquille ne se dessèche et ne colle au poussin, si c’est le cas ce dernier ne pourrait s’extraire de sa coquille, étant retenu par cette membrane sèche. Le taux d’humidité varie en fonction de la quantité d’eau présente dans les bacs prévus à cet effet dans la couveuse, l’évaporation de l’eau des œufs, l’humidité ambiante et le niveau d’aération de la couveuse. Pour une humidité minimale, il suffit d’ouvrir les aérations de la couveuse et de baisser le niveau d’eau des bacs. On fera le procédé inverse pour augmenter le taux hygrométrique. Pendant l’incubation de mes propres œufs, du 1er au 19ème jour, j’ai maintenu un niveau d’eau élevé dans un seul bac, en fermant les aérations pour avoir un taux hygrométrique d’environ 40-50 %. A partir du 19ème jour, j’ai rempli à fond mes 2 bacs d’eau, en ouvrant un tiers des aérations (taux de 70 % environ, mieux vaut un peu trop que pas assez).

Il est à noter impérativement que lorsque les poussins sortent de leur coquille, il faut absolument les laisser 1 jour entier dans la couveuse afin de permettre à leur duvet de se décoller de la peau et donc d’épaissir. A partir de la première éclosion, ouvrez toutes les aérations pour que les poussins respirent de l’air sain, quitte à augmenter légèrement la température intérieure, et à remplir à fond les bacs d’eau.

– Le mouvement. Pendant l’incubation, il faut retourner au minimum 2 fois les œufs. Certains préconiseront de ne pas les retourner les 2 premiers et 2 derniers jours. Je ne l’ai pas fait, et le résultat était positif. Vous pouvez trouver sur les commerces des couveuses automatiques, semi-automatiques ou à retournement manuel. Le plus pratique reste les couveuses à retournement automatique. C’est une chose en moins dont il faut s’occuper.

L’œuf doit être tourné régulièrement pour éviter que l’embryon ne colle aux parois de la coquille.

Si tout se passe bien, vous pourrez mirer vos œufs, c’est-à-dire regarder l’intérieur de l’œuf en se mettant dans l’obscurité et en éclairant la coquille à l’aide d’une lampe assez puissante. Normalement, à partir du 7ème jour, vous apercevrez des filaments rouges (les veines), et quelques mouvements à l’intérieur.

Si par contre, en mirant l’œuf, vous ne voyez qu’une couleur à l’intérieur uniformément jaunâtre rose, c’est loupé : l’embryon ne s’est pas développé et ne se développera pas.

Ces informations ne sont pas une vérité absolue, c’est surtout à longueur d’incubation que chacun pourra faire ses propres expériences, et voir quels réglages précis il sera nécessaire de mettre en place.

Le mieux bien sûr, est de laisser faire la nature, et de mettre les œufs sous la poule. Elle se chargera elle-même des paramètres. Et bien souvent, les éclosions n’en sont que mieux réussies !

La suite dans un prochain article …

Stélio pour les Humus Pays d’Oc, réseau de permaculture de l’arrière pays de Montpellier

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