Design de la ferme du point clé


Design de la ferme du point clef

Design Ferme du point Clef

Dans ce document, je parlerai du terrain que j’ai acquis en juillet 2015. Je l’avais déjà visité et je réfléchissais déjà à son aménagement depuis décembre 2014. En effet, en attendant son achat définitif, j’ai passé beaucoup de temps en observation. J’ai planté et greffé quelques arbres et aussi démarré un premier potager. Je me suis réellement investi sur ce terrain à l’automne 2015 lorsque le tournage du film l’Éveil de la permaculture s’est terminé. Avec ma compagne nous avons acheté 2ha supplémentaires en 2018. Pour développer la présentation de mon design, je suivrai le plan WASPA (Water – eau, Access – chemins, Structures, Plantes, Animaux) qui est pour moi pertinent pour appréhender la mise en place des éléments sur un terrain. Je pense que les échelles de permanence des éléments sont vraiment performantes pour aborder un design (CF les échelles de permanence de P.A. Yeoman et REGRARIAN).

Situation géographique

Ce document étant public je ne donnerai pas la localisation précise de notre terrain, il manquera donc des illustrations pour l’analyse sectorielle.

Le terrain est dans l’Hérault, situé sur les contreforts du Larzac. Il se trouve à proximité de Lodève, ville de 15 000 personnes au tissu associatif fort en ce qui concerne les thématiques liées à l’écologie. L’Hérault est un département situé dans la zone de l’olivier sous un climat méditerranéen très sec l’été avec des pics de chaleurs importants, et des pluviométries importantes en automne réparties sur de courtes périodes : on peut observer des pluies de 300 mm en une journée, et les records atteignent autour de 400mm en quelques heures. L’hiver est généralement ensoleillé et sec, les températures tombent rarement en dessous de -10°C (tous les 5 ans environ), et un peu plus régulièrement en dessous de 0°C, souvent une dizaine de nuits et rarement en journée. Au printemps, nous pouvons démarrer la saison avec quelques bonnes pluies pour les meilleures années.

Illustration : Géologie autour du terrain : basalte, grès, schistes, rhyolites, calcaires…

Ce climat particulier au sud est provoqué par deux dépressions qui s’installent : l’une en été l’autre en hiver, la pluie arrivant lorsque ces dépressions se retirent.

Le terrain est donc situé sur les contreforts du Larzac, qui sont les premières montagnes à arrêter la pluie et j’ai même observé une pluviométrie record à 1501 mm/an en 2018! Dans le reste de l’Hérault, la pluviométrie tourne autour de 400 à 800 mm/an. Nous sommes donc dans une zone privilégiée en terme de pluie par rapport à la vallée de l’Hérault. Malgré cette pluviométrie abondante, le paysage est très sec du fait de l’irrégularité des précipitations regroupées en automne-hiver.

Le village se situe sur une zone géologique particulière, où d’anciens volcans se mélangent avec de vieux fonds océaniques. Sur une balade d’une heure autour du terrain on trouvera du grès, du basalte, de la dolomie, de la rhyolite et du schiste, ce qui conduit à des terres très variées, une richesse de flore exceptionnelle, ainsi que des champignons mais chuuut !

Illustration : Analyse Sectorielle du terrain / LSSH : Levé Soleil Solstice Hiver / LSSE : Levé Soleil Solstice Eté / CSSH : Couché Soleil Solstice Hiver / CSSE :Couché Soleil Solstice Eté

Le terrain est situé à 400m d’altitude entre deux anciens volcans. Il est juste sous le keypoint que forme la vallée entre ces deux petites montagnes. Cette configuration du terrain apporte plusieurs avantages. Un ruisseau coule la plupart de l’année au fond de la vallée, et apporte une fraîcheur appréciable en été (zone bleutée sur l’illustration ci-contre). Par contre le relief que forme l’ancien volcan, « le Brandou », cache le soleil en fin de soirée.

Les vents dominants peuvent être très violents et la forme des montagnes crée des couloirs de vents très forts assez imprévisibles, mais la situation de fond de vallée et la densité d’arbres sur le terrain le rend assez bien protégé par rapport aux autres endroits sur la commune.

 

Illustration : A gauche – 1er terrain acheté en rouge (1,6 ha) et le 2ème terrain en bleu (2ha). A droite – en blanc : zone plutôt fraîche/humide, en bleu : zone très argileuse qui ruisselle constamment en hiver.
Différent milieu du terrain : vert foncé : Forêt Chênes Blanc/Chênes Vert/Frênes, Vert clair : Friche Humide, Orange : Friche sèche, Bleu prairie Humide, Jaune Prairie

L’illustration ci-contre représente tous les milieux différents que l’on retrouve sur le terrain, la friche recouvre la majorité des parcelles, elle n’est pas encore dans un stade trop avancé, le stade de la fruticée n’a pas encore été dépassé; ce qui est un super atout comme nous le verrons plus tard.

Les deux photos ci dessous sont prises de points hauts du terrain d’un coté et de l’autre de celui-ci.

Zonage

 

Les éléments mis en place dans le design seront détaillés dans des parties consacrées ultérieurement. Je me contenterai ici d’introduire brièvement les éléments qui seront mis en place ainsi que ceux déjà mis en place afin de mieux comprendre leurs positions relatives.

En zone 1

La zone 1 comprend la maison et ses environs : toilettes sèches, serre de bain, atelier stockage du bois, cuisine extérieure, potagers. Cette zone est entièrement clôturée, ce qui empêche les poules qui se baladent de temps en temps en liberté d’y pénétrer et d’y détruire les cultures. On y cultive deux jardins potagers de 200m², une mini pépinière qui nous sert à faire germer les noyaux, une source d’eau potable, quelques bassins, une petite serre, une cuisine extérieure qui sert de lieu d’accueil jusqu’à 40 personnes, le ruisseau, quelques arbres fruitiers, les toilettes sèches, un stockage de bois et mon atelier.

En zone 2

On y retrouve les poules dans le poulailler fixe avec tantôt les mères avec leurs petits et tantôt les jeunes coqs avant abattage. Proches de la zone 1, on y trouve aussi des petits tracta-poules pour les futures mères poules, qui sont en train de couver. La zone 2 comprend également le rucher, des arbres fruitiers, une grande mare, des canards en fonction de l’appétit du renard et le pigeonnier (pas encore installé).

En zone 3

La zone 3 regroupe les endroits qui sont accessibles en 4×4. On y trouve des parcours pour poules, des arbres fruitiers en grande quantité, des mares, et des zones de friche.

En zone 4

La zone 4 comprend la culture de champignons dans les zones humides, d’autres arbres fruitiers, du bois de chauffage et peut-être à l’avenir des cultures de céréales pour nourrir les poules.

En zones 5

La zone 5 comprend une partie du ruisseau où est préservée la faune aquatique qui m’est plutôt chère et une portion de forêt. Nous ne touchons pas à ces endroits. Le terrain étant adjacent à des hectares de forêt non entretenus, on peut considérer que la zone 5 s’étend bien au-delà de notre terrain.

L’eau

La question de l’eau est particulière sur ce terrain : comme expliqué précédemment, le terrain se situe sous un keypoint et regorge donc d’eau. Malheureusement, en plein été caniculaire, le terrain n’offre plus que très peu d’eau – bien qu’il reste plus humide que le territoire environnant.

Calque sur la gestion de l’eau, en bleuté la zone irrigable.

La source du village est captée au niveau du keypoint. Dans les champs à l’ouest de la route (CF sur la carte) on retrouve les drains qui alimentaient autrefois aussi le village. Ceux-ci ne sont plus utilisés car l’eau qu’ils captent contient de l’arsenic à un niveau légèrement au dessus des normes sanitaires. Je récupère cette eau qui coule encore en plein été dans des volumes de plusieurs mètres cubes par jour. Malheureusement, je ne peux pas compter sur cette ressource en eau à long terme car la mairie pourrait remettre cette ressource à une entreprise de gestion de l’eau. Par contre, je compte dessus à courte échéance pour mettre en place mon système.

Comme dans tous les designs sur lesquels j’ai eu l’occasion de travailler, l’eau est réellement l’ossature du design.

Dans les designs, la récolte de l’eau peut s’aborder de plusieurs manières :

  • connaître la pluviométrie annuelle et récolter au maximum les surplus lors des grands orages
  • estimer nos besoins en eau pour chaque élément à mettre en place dans notre système et prévoir les réserves en conséquence en cas de sécheresse

Dans ma situation, la première façon d’aborder la problématique serait absurde, en effet le terrain est tellement gorgé d’eau que dans la majorité des endroits du terrain le moindre des trous devient une résurgence. Ainsi, le moindre dispositif de récolte d’eau de pluie se retrouve rempli d’eau une fois la première grande pluie tombée.

De plus, la pluviométrie est particulièrement violente dans notre région ; les orages où l’ont accumule plus de 150mm sont fréquents en début d’automne, et certaines années nous avons même des records dépassant les 400mm de précipitations accumulées sur quelques heures ! Bref les trop pleins sont à bien penser !

Une des mare en début d’été

La gestion de l’eau est donc calibrée sur nos besoins en période de sécheresse. Pour commencer à appréhender le problème et entrevoir nos besoins pour être autonome en eau, commençons par calculer nos besoins sur un mois en plein été.

Pour l’eau de la maison, nous avons calculé qu’une cuve de 2m3 enterrée proche de la maison serait suffisante, elle pourra être remplie par les eaux de toiture ou par la source qui coule en hiver.

Pour les animaux, nous comptons sur une centaine de volailles qui boivent en moyenne 0,5L/j, ce qui nous fait 0,5*100*30 = 1,5 m3 pour un mois

Le potager pourrait varier de taille en fonction des désirs de production mais nous le considérerons ici dans une taille maximale. Il faudrait ainsi en période de sécheresse arroser 8 fois par mois en comptant 2 mètres cube par arrosage, ce qui nous ferait donc 16m3 pour un mois.

Enfin nous comptons mettre en place petit à petit un verger comme il sera expliqué plus bas, quelques arbres de pépinière seront plantés chaque année et ils seront arrosés en cas de sécheresse, pendant les premières années de leurs installation. Il faut compter une vingtaine d’arbres qui seront arrosés 2 fois par mois à raison de 50 litres par arrosage et par arbre 20*50*2 = 2m3

Les besoins sur un mois sont récapitulés dans ce tableau :

Éléments Consommation d’eau par unité Quantité Besoin sur un mois en m3
Volaille 0,5 L/j/poule 100 1,5m3
Arbre 25 L/semaine/arbre 20 2m3
Potager 2m3 semaine 200 m² 16m3
Maison 5 L/j/personne 4 0,600m3
Ruches 0,5 L/j/ruche 30 0,450m3

Pour calculer les besoins en eau, on peut exclure les abeilles, qui peuvent aller chercher l’eau directement dans le ruisseau. Les besoins de la maison peuvent aussi être classés à part.

Pour le reste, on remarque que le potager est l’élément le plus limitant en ce qui concerne la ressource en eau. La surface du potager doit donc être un élément à bien ajuster en fonction de nos ressources en eau.

Dans la pratique, nous avons deux potagers de 200m², et nous savons qu’en cas de manque d’eau l’un des deux sera abandonné. Mais mon système en place me donne suffisamment d’eau pour arroser toute cette surface.

Mise à l’épreuve du système d’irrigation : 3 asperseurs en même temps.

On voit tout de même qu’une réserve de 12m3 100% étanche serait un minimum.

De plus, les sécheresses sont souvent longues dans le coin et il n’est pas rare de voir passer 3 mois sans une goutte d’eau de pluie.

Je pense qu’à terme 60m3 de réserve m’assurerait une autonomie confortable : ma première mare peu profonde a tenu de l’eau jusqu’à fin juillet-mi août en fonction des années. Je décide donc de prévoir suffisamment de réserves étanches qui seront remplies à cette date pour tenir jusqu’à mi-septembre. Aujourd’hui, 15 cuves d’1m3 sont mises en réseau, ce qui suffit pour arroser potager et arbres fruitiers en abondance entre les périodes de remplissage par la source captée en amont. Les cuves sont placées sur une courbe de niveau à des points extrêmes du terrain. Ainsi, les bulles d’air dans la tuyauterie peuvent partir à plusieurs endroits plutôt que de s’accumuler en bout de tuyauterie. La pression est mieux répartie sur le réseau, et je peux arroser en même temps que ma compagne sans réduire nos débits respectifs. Aussi, mes réserves d’eau étant disposées à plusieurs endroits sur le terrain, j’ai plus de résilience en cas de panne sur le système de tuyauterie.

En hiver, il n’est pas rare de trouver des cuves de 1m3 à 30€. A ce prix là, il est difficile de trouver meilleur marché.

Une série de mares disposées dans un couloir très riche en argile permettront de compléter ma résilience en eau, dans le cas où la source ne coule plus. Je compte remplir mon système de cuves grâce à cette série de mares. Un grand bassin en bas du terrain et proche de la maison me servira de lieu d’accueil pour quelques canards Kakhi Campbell.

De temps en temps il neige chez nous, les cannards ne semblent pas vouloir se mette à l’abri!.

Pour l’instant, la totalité des mares n’est pas encore creusée. Sur l’illustration, on voit la mare située la plus au nord, d’une capacité d’une vingtaine de mètres cubes. Elle me sert d’étalon pour jauger la qualité d’imperméabilité du sol. J’observe rigoureusement son comportement pendant les orages et pendant les périodes de sécheresse. Pour l’instant, tout semble se comporter normalement, c’est-à-dire que le niveau ne réduit presque pas sans apport extérieur d’eau, et que le système de trop plein permet un débordement abondant sans endommager la réalisation. Malgré quelques erreurs de construction la qualité du sol très riche en argile garantie une bonne imperméabilité de mes retenues d’eau.

L’entreprise qui gère la ressource en eau a décidé de lancer un nouveau forage en amont de mon terrain, cette nouvelle ne m’enchante guère : lorsque leurs pompes sont en route, le niveau de l’eau dans le ruisseau baisse et il s’assèche très vite. Apparemment, avant leur surexploitation de la ressource en eau, une écrevisse endémique vivait dans ce ruisseau… Ce serait un beau défi d’arriver à remettre en eau ce ruisseau et de refaire vivre cette espèce. Avec ce nouveau forage, ils espèrent alimenter un autre village en plus de compenser le besoin grandissant du village actuel. Voici un bel exemple de l’effet qu’a le sous-traitement de l’exploitation du patrimoine de la commune ; l’argent est le seul moteur de l’entreprise, notre patrimoine est donc voué à être commercialisé.

Les chemins

Sur mon terrain, l’accès est plutôt difficile : en passant par le terrain du voisin en fermage tout devient plus simple. En été, une voiture normale pourrait arriver jusqu’à la maison, par contre en hiver mieux vaut avoir un 4×4. Au quotidien, nous nous garons au bord de la route, et descendons à pied jusqu’à la maison. J’ai installé un câble qui sert à envoyer certains chargements trop encombrants et trop lourds, mais pas fragiles ! Pour les matériaux de construction je dispose d’un 4×4, je pense d’ailleurs à m’en débarrasser car maintenant que le gros des travaux de la maison ont été faits, je ne l’utilise quasiment plus. J’utilise un motoculteur qui peut tracter une remorque pour déplacer bois/matériaux/outils/grains … Sur l’illustration, j’ai représenté en gras les chemins praticables par le 4×4 et en traits fins les chemin principaux pédestres. On remarque que la différenciation zone3/zone4 est fortement liée à l’accès en 4×4.

Les structures

La maison

Avant mon arrivée sur le terrain, peu de personnes au village savaient qu’il y avait une ruine sur ce terrain. Le mas était perdu au milieu des arbres et une dizaine d’arbres d’une cinquantaine d’années poussaient à l’intérieur… La ruine fait 45m² et à une hauteur actuelle au niveau du faîtage de 4m80, ce qui me permet d’habiter sur un deuxième niveau, sur une mezzanine de 30m². J’ai commencé à retaper la ruine depuis octobre 2015, et du fait de ma pluriactivité les travaux se font lorsque le film ou l’association me laissent un peu de temps libre… J’habite en permanence sur le terrain depuis mars 2016, il faut savoir que je n’ai des portes et fenêtres que depuis le 15 janvier 2017, on se souviendra longtemps de cet hiver avec ma compagne 🙂 !

L’électricité vient d’une installation photovoltaïque :

  • 2 panneaux solaires d’environ 250 Watts
  • 2 batteries 12 Volts 270 AH
  • 1 onduleur 1000 Watts
  • un contrôleur de charge
  • un chargeur 220V – 24V

Cette installation me suffit largement pour les activités de la maison : éclairage, ordinateur, internet par satellite, et bricolage (perceuse, bétonnière etc.). Lorsqu’il y a davantage de soleil à partir du printemps, je peux même faire tourner un couveuse et une plaque chauffante pour les poussins .

Lorsque j’ai besoin de plus de puissance (scie circulaire, perforateur, etc.) j’utilise un groupe électrogène.

Le bâti étant en pierre, c’est le matériau que j’ai utilisé pour rebâtir les murs en mauvais état de la maison. Par contre, pour les annexes à la maison, j’utilise juste une base en pierres et construit soit en terre-paille soit en bois le bâti.

Au bâti existant j’ai rajouté un appenti au nord, qui en plus de faire tampon avec le vent froid, me sert d’atelier, rangement d’outils, et local technique pour l’électricité. Au sud, j’ai réalisé une serre de bain afin de chauffer mon mur et réduire encore ma consommation de bois de chauffage.

La serre de bain

Serre de bain

Cette serre de 18m² est attenante à ma maison sur le mur sud. En plein hiver, lorsque les journées sont bien ensoleillées, la serre monte jusqu’à 25°C; nous ouvrons alors la porte pour chauffer l’intérieur de la maison. Une petite mare faite à partir d’une cuve d’1m cube accumule la chaleur de la journée et la restitue la nuit, cette réserve d’eau permet aussi d’arroser les plantes de la serre en hiver sans créer de choc thermique. Le conduit de notre batch rocket passe aussi dans la serre et la chauffe assez bien lorsqu’il fait assez froid dehors. Cet hiver, la serre est descendue à 5°C lors des grandes gelées, mais la température moyenne doit être autour des 15°C. La serre nous fournit quelques plantes aromatiques toutes l’année (kombawa, coriandre, cerfeuil, ciboulette, persil…) donne des salades, des fraises, des citrons et nous sommes en train d’installer des essences plus exotiques comme les fruits de la passion, un bananier, du gingembre….

Le poulailler

Chez moi, j’ai enfin pu faire mon poulailler sur pilotis que j’avais proposé plusieurs fois dans différents designs avec l’association.

Le fait d’avoir surélevé le poulailler permet d’éviter l’humidité dans celui-ci. Une trappe au fond du poulailler permet de faire tomber toute la litière en contrebas sur un chemin direct vers le potager. Assez connu comme système, la porte automatique s’ouvre avec le jour et permet l’entrée et la sortie de poule du poulailler sans intervention de l’homme, ce qui est vraiment pratique lorsqu’on doit s’absenter un week-end pour l’association par exemple.

La « PIPINIERE »

Après 2 années sur le terrain, il était temps de construire des toilettes sèches à l’abri de la pluie ! Il m’aura fallut longtemps pour décider de leur emplacement, le terrain étant très humide en hiver je ne voulais pas les placer à un endroit qui risquait de polluer une zone sensible (ruisseau, source, maison). Temporairement nous avions des toilettes sèches qui se déversaient naturellement dans la forêt dans un endroit propice mais loin de la maison. Nous avons finalement opté pour des toilettes à une dizaine de mètres de la maison, c’est encore proche du ruisseau.

Nous avons opté pour un modèle classique de toilettes sèches surélevé à deux compartiments comme j’ai pu l’observer chez Geoff Lawton, Andy et Jessie et d’autres fermes. L’avantage étant de ne jamais avoir à manipuler d’excréments.

Un élément remplissant plusieurs fonctions, nos toilette sèches sont vitrées et ont un toit en polycarbonate, elles nous servent donc aussi de serre pour les semis en fin d’hiver et début du printemps ! Étant dans une forêt de caduques, elles restent à l’ombre l’été et sont bien ensoleillées en hiver !

Toutes les infos sur ces toilettes sèches dans cet article.

Le poêle de masse

Vous trouverez toutes les infos sur le fonctionnement de notre poêle de masse dans cet article. Aussi je me contenterai donc de ne le décrire que succinctement ici.

Ce poêle de masse est de type Batch Rocket conçu par Yacin Gach, spécialiste français du sujet. Nous avons organisé un stage avec une dizaine de participants pour le réaliser en 5 jours. Selon mes calculs, je pense passer l’hiver avec 4-6 stères de bois surtout que maintenant la serre au sud est en fonction.

La production, et les sources de revenus

« La permaculture n’est pas rentable » est une remarque que l’on entend souvent lorsqu’on s’installe, le conventionnel l’est encore moins !

Pour la production sur mon terrain je pars de ce postulat :

Si je fais 10 productions différentes qui chacune produisent 2 fois moins qu’en conventionnel mais qui prennent 10 fois moins de temps, alors je produirai sur une même surface et avec un même emploi du temps 5 fois plus qu’un conventionnel !

Pour expliciter mon postulat, on peut prendre en exemple l’apiculture en ruches Warré. Le travail sur une ruche Warré est clairement plus simple à construire et à entretenir que la ruche Dadan, mais est réputée pour produire moins, ce qui est pour cette fois complètement faux !

Ainsi, je pense pouvoir, accumuler pour mon autonomie et une production supplémentaire de la culture maraîchère et légumière, des arbres fruitiers, des cultures de champignons, de l’apiculture, des volailles et des pigeons. Il faut rajouter dans les revenus l’activité d’organisme de formation que nous avons mis en place à travers une Coopérative d’activités et d’emplois, et de l’élagage que je pratique ponctuellement mais qui fait rentrer beaucoup d’argent en peu de temps, ainsi qu’artificier qui me permet de rajouter environ 500€ par an.

Pour nous, sachant que nous ne payons ni loyer ni électricité, ni eau, ni internet (c’est une autre histoire…), et que de plus nous avons un belle autonomie alimentaire, nos frais sont sacrément réduits et peuvent se résumer à de l’investissement dans le projet et quelques charges telles que assurances, impôts, essence, entretien du matériel…

Mise en place de la forêt fruitière

Le terrain était principalement recouvert d’une friche, principalement de frênes mais aussi de nombreuses espèces fruitières. J’ai répertorié une cinquantaine de poiriers sauvages, une trentaine ont déjà été greffés et sont à un état de maturité assez élevé pour la fructification. Il y a aussi une 20aine de jeunes pommiers, et, moins nombreux, on retrouve quelques cerisiers, pruniers sauvages et cerisiers Ste Lucie. On retrouve aussi de l’aubépine en abondance et du prunellier

permaculture Mise en place d'une forêt fruitière à partir d’une friche
Mise en place d’une forêt fruitière à partir d’une friche

J’ai commencé à greffer sur aubépine, à ce jour pas mal de greffes intéressantes sur aubépine ont réussi : poirier (vigueur moyenne), néflier d’Allemagne (vigueur surprenante), sorbier domestique (vigueur décevante), azérolier (vigueur excellente) et même pommier (vigueur correcte)!, ce n’est pas le porte greffe idéal, il rejette énormément du pied malgré un bon surgreffage et demande donc beaucoup d’entretien.

 

Quant au prunellier, après quelques tentatives concluantes en y greffant du prunier (j’en suis à ma 4ème feuille), je continue mes expériences : je sauvegarde des bandes de prunelliers, et j’y greffe et y conduit un micro verger de pruniers, je ne pense cependant pas que la durée de vie et la production de chaque individu sera énorme, mais je pense qu’une colonie entière de prunelliers qui recouvrirait une trentaine de mètres carrés peut facilement atteindre la même production qu’un vieil arbre d’une cinquantaine d’années et la récolte sera aussi plus facile. Je poursuis actuellement la même expérience en y greffant de l’abricotier par une greffe en fente compliquée faite à l’automne après une autre montée de sève à l’époque de nos grandes pluies automnales. Après de multiples tentatives de greffes de différents fruits à noyau sur prunelliers, je n’ai réussi qu’à mettre de l’abricot en plus d’une myriade de variétés de prunes différentes.

Pour diversifier la production fruitière, j’implante des arbres de deux manières différentes : des arbres de pépinière ainsi que du « semis direct ».

Le semis direct n’est pas réellement du semis direct, les tentatives que j’ai essayé en suivant les protocoles de Paul Moray ont été un échec. En effet, tous mes semis se sont faits dévorer par un blaireau au milieu de l’hiver. Par contre, je pratique une méthode calquée sur la méthode Paul Moray : pendant l’hiver ou au début du printemps, j’implante des arbres issus de noyaux en faisant bien attention d’avoir la racine pivot bien conservée dans un trou fait à la barre à mine (CF ma barre à mine dans les annexes). Le pivot peut s’accroître rapidement, et j’ai réussit ainsi avec un très bon taux de réussite à implanter de très jeunes arbres sans entretiens ultérieurs (un petit coup d’arrosoir ne leur faisant pas de mal non plus en cas de grande sécheresse).

Les arbres de pépinière sont beaucoup plus difficiles à implanter. En plein été sous mon climat, les arbres meurent sans arrosage, ce qui implique un entretien conséquent. La ressource en eau m’étant jusqu’alors limitée en plein été (l’eau était disponible au niveau du ruisseau uniquement), il semble alors fastidieux d’entretenir plus de 10 arbres en plein temps caniculaire si l’on est loin du point d’eau. Petit à petit, j’élabore un protocole pour implanter les arbres fruitiers au milieu de la friche pour en limiter l’entretien. L’idée m’est venue lorsque la première année d’acquisition de mon terrain j’ai implanté 5 plaqueminiers en courbe de niveau en s’enfonçant dans la friche. La première année, l’arbre le plus exposé au plein soleil a dépéri malgré mes efforts pour l’arroser, alors que ceux dans la friche ont, eux, plutôt bien survécu avec très peu d’arrosage. L’année d’après, le deuxième plaqueminier le plus exposé est mort à son tour et les autres s’en sont très bien sortis.

J’ai réitéré l’expérience sur une autre partie de mon terrain avec d’autres essences : pruniers, abricotiers, amandiers, cerisiers, mûriers, etc. A part les cerisiers, les arbres ont tous résisté à la sécheresse particulièrement aride cet été. Il faut noter que les cerisiers sont réputés pour ne pas aimer l’ombre, j’en ai conclu que c’était la raison de l’échec de mon expérience.

Voici donc le protocole que j’ai mis en place pour convertir une friche en forêt fruitière :

En plantant des arbres de pépinière dans une friche bien dense, on recrée les conditions de naissance de cet arbre en milieu sauvage : à l’ombre d’un roncier (ou autre pré-friche) dans une terre riche et sans phénomène d’allélopathie négative. Par contre les arbres de la friche pousseront plus vite que le fruitier si rien n’est fait, il faut donc éclaircir la friche au fur et à mesure que les arbres s’implantent.

Maintenant, le réseau d’eau est présent aux endroits où j’installe mes arbres, je peux donc les arroser.

Pour résumer, je pense implanter une « forêt fruitière » en m’appuyant sur les nombreuses essences portes-greffe, compléter la diversité avec du semis direct, et atteindre une production plus rapidement par l’implantation d’arbres de pépinière dans le cadre d’un protocole particulier.

J’ai aussi planté des portes greffes classique de pépinières pour les greffer plus tard. Ils sont beaucoup plus résistants à la plantation car ils ne combattent qu’un traumatisme : la transplantation, alors que les arbres de pépinières doivent supporter aussi et en plus la jeune greffe.

En été je passe environ 4h tout les 10 jours à arroser, en hiver la session de plantation me demande quelques journées surtout lorsque le défrichage à faire est important, la taille et la récolte des greffons me demandent 1 journée, et je dois passer quelques autres journée pendant la période de greffe. La récolte n’a pas encore dépassé quelques cagettes, mais les arbres sont un investissement sur le long terme.

Bien sûr, un verger va de paire avec de l’entretien et du soin, soit par des humains soit par des animaux…

La volaille

Sur mon projet, je souhaite mettre en place plusieurs élevages de « plaisir », un pigeonnier, quelques canards, et quelques oies. Mais en parallèle a ça j’ai installé une élevage de poules pondeuse et poulet de chair qui est la première production a faire rentrer de l’argent dans le projet.

Les pigeons me semblent très intéressants d’un point de vue accumulation de fertilité. En effet, les pigeons parcourent des kilomètres en dehors du terrain : ils permettent d’aller chercher la fertilité du milieu extérieur pour la concentrer en un point choisi par l’éleveur. Je n’ai pas encore d’expérience avec les pigeons, ce projet n’est pas encore prioritaire.

En ce qui concerne les oies et les canards, je les imagine proches de la zone 1. Je n’ai pas de raison particulière d’avoir des oies si ce n’est pour réparer l’échec d’avoir perdu trois oies qui couvaient lorsque j’étais enfant, ce qui fut un événement marquant pour moi. Pour les canards, j’imagine avoir des coureurs indiens et/ou des Kakhi Campbell pour les faire pénétrer ponctuellement dans le potager dans l’espoir qu’ils suppriment la quantité ingérable de limaces. Les œufs de canes sont aussi une bonne raison pour l’élevage, car avec ma compagne nous en raffolons.

Pour les poules, Je déplace mon cheptel de 50 poules en hiver et jusqu’à 100 en été, sur un ensemble de parcelles autour des arbres fruitiers et autres zones en friche dans les zones 2-3-4 du terrain, l’enclos est fait avec avec deux clôtures électriquess de 50 m linéaire ce qui fait des enclos de 600m². Je déplace les poules toutes les semaines environ. J’ai ainsi une 30 aine de parcours ce qui laisse beaucoup de temps au terrain pour réagir à l’action des poules. En effet je déplace les poules au moment où de l’herbe sèche mélangée à de la mousse apparaît en surface, je récupère cette matière pour le potager. L’herbe vivante n’est pas trop atteinte, et profite bien de ce grattage autours de ses tiges. Pour accentuer le nettoyage au pied des arbres fruitiers, je mets le grain au pied des arbres. A cet endroit le sol sera bien plus aéré. J’ai construit un abri démontable – remontable en 10 min qui abrite facilement 50 poules, en général elles préfèrent tout de même dormir dans mes arbres !

J’avais pensé au début à faire un poulailler mobile tractable et dans la précipitation j’ai construit un abri temporaire avec deux tôles, finalement ce système est très pratique dans la friche là où les machines passent difficilement. J’ai un peu amélioré le modèle et il me satisfait plutôt bien pour l’instant.

Pour augmenter et renouveler le cheptel j’utilise une couveuse électrique. Je vends les poussins poulets et poules en trop aux copains du réseau. Je relance l’élevage en mars, et arrête à la fin de l’été : je fais donc 6-7 couvées par an.

Cette production me demande environ 20 min par jour (nourrir, et ramasser les œufs), 2-3h par semaine pour les déplacer. La couveuse me demande 2-3 h par mois lorsqu’elle fonctionne, et les poussins me demandent aussi 2-3h d’entretien par mois.

Je vous conseille vraiment d’installer un petit élevage de poules chez vous, la production de protéine est exceptionnelle : 200 œufs minimum par ans par poules sachant qu’une poule coûte environ 10€ par an en blé. Avec quelques dizaines de poules vous pouvez donc rapidement créer une petite abondance. Les œufs se vendent facilement à 2€ les 6 chez nous, mais sont aussi un super élément de troc. Pour ce qui reproduiront leurs poules, sachez tout de même que vous devrez contrôler la quantité de mâle (1 pour 7-10 poules), vous aurez donc accès à une ressource en viande. Cette année nous avons tué 30 poulet de 2kg environ.

Les abeilles

Apprentissage

Je n’avais absolument aucune expérience avec les abeilles, mais j’ai toujours été attiré par l’apiculture. Et je dois avouer qu’à partir du moment où j’ai mis un pied dedans j’ai su que c’était pour la vie ! J’ai décidé d’utiliser la ruche Warré pour sa simplicité et je trouve que la philosophie de l’abbé Warré qui a voulu rendre l’apiculture efficace, simple et accessible colle parfaitement aux éthiques de la permaculture. A posteriori je pense que d’autres modèles de ruche sont tout aussi intéressants, la ruche kényane par exemple semble être une bonne solution pour nos climats chauds.

Pour construire mes ruches, j’en ai acheté une première chez un grossiste et j’ai reproduit en 8 exemplaires le modèle. Peu de temps après, j’ai découvert le tutoriel de Christophe Koppel qui est très complet et permet de construire une ruche Warré un peu plus simplement. Aujourd’hui, je construis les corps des ruches selon les modèles proposés par Christophe Koppel. Mes planchers comme mes « coussin » sont fait avec des chute de poutres qui viennent de la construction de ma maison. Pour la toiture, j’ai bricolé des toits avec des plaques offset d’imprimerie. J’en suis maintenant à une trentaine de ruches complètes que j’ai fabriquées.

Pour apprendre à manipuler les abeilles, j’ai passé quelques journées à travailler avec des apiculteurs. Quelques piqûres plus tard, j’en savais assez pour commencer. La première année, j’ai commencé avec 2 colonies à partir d’essaims récupérés lors des périodes d’essaimage. Tout s’est bien passé jusqu’à l’automne, où les frelons asiatiques font de gros carnages : j’ai perdu ainsi une des deux colonies. Pour approfondir mon savoir, j’ai regardé en boucle tout les tutoriels de Christophe Koppel, lu une centaine de fois le livre de Gilles Denis sur l’apiculture Warré, et pour compléter mes questionnements, j’utilise le livre « Au trou de vol », un répertoire sur le comportement des abeilles, ainsi que deux livres standards d’apiculture : un date de 1912 donne des conseils pour amateurs, et un autre plus récent.

La deuxième saison, mon rucher est monté à une dizaine de colonies : 5 y sont passées avec la pression des frelons asiatiques…

A titre expérimental, j’ai essayé d’apprendre à mes poules de manger les frelons asiatiques mais pour l’instant elles n’aiment pas ça ! Par contre ça ne les gène pas de picorer une abeille par ci par là…

Construire un cheptel

Pour me procurer des colonies, j’ai décidé de ne pas acheter de cheptel tant que je ne maîtrise pas le problème du frelon asiatique. Et j’ai dans l’idée que j’arriverai à faire mon cheptel moi-même en sélectionnant chaque année les meilleures colonies.

Pour trouver des essaims, j’ai laissé mon numéro à une trentaine de mairies aux alentours, ainsi qu’aux pompiers et bien sûr, au moment de l’essaimage, je préviens tout mon réseau proche (amis et réseau de l’association). Une autre solution est d’installer des ruches sur un élément avec l’odeur de la ruche un peu partout. C’est l’ensemble de ces techniques qui payent et qui m’ont donné une dizaine de colonies la dernière saison.

Je pense que par cette méthode je ne peux que trouver les meilleures souches. Les colonies achetées chez un apiculteur sont issues de reines sélectionnées fécondées par trop peu de mâles différents. Une reine se fait féconder par en moyenne 17 mâles, et c’est cette différence qui fait que le peuple peut s’adapter au changement de conditions d’un milieu (humide/sec/abondant/avec prédation).

Question du nourrissage

Bien sûr, le nourrissage qui consiste à utiliser les abeilles pour transformer du sucre en miel et à l’encontre des idéologies de la permaculture. Mais qu’en est-il du nourrissage classique ? Nous avons tendance à nourrir nos abeilles de peur de les perdre mais je ne pense pas qu’il faille que ce soit un réflexe automatique. En Europe, nous avons depuis toujours fait une apiculture qui sélectionne les souches les plus faibles. Avec l’époque des ruchers en paille, nous tuions les colonies les plus fortes pour récolter le miel. Et avec l’apiculture conventionnelle, les ruches faibles sont entretenues par nourrissage.

Cette saison, j’ai récupéré un essaim d’apparence Bug-Fast, une abeille réputée pour sa productivité appréciée des apiculteurs conventionnels. A la fin de l’été, lors d’une visite pour évaluer l’état de la colonie, je me suis rendu compte que la reine continuait à pondre énormément sans aucune réserve : la colonie n’a pas tenu la fin de la famine d’été. Mes autres colonies, toutes « bâtardes », avaient elles diminué la ponte en fonction de l’arrivée de nectar.

J’attribue la mort de cette colonie d’abeilles Bug Fast au comportement de la race trop fonceuse. Aussi, j’essaie de trouver une souche d’abeilles qui serait peut-être moins productive mais en tous cas plus résistante. Je nourris quand même mes abeilles lorsque leur survie en dépend…

L’activité « apiculture » me demande beaucoup d’heures de travail surtout au printemps et les quelques kg de miel que j’en récupère ne valent clairement pas le temps que j’y investi !

Le Potager

Nous avons deux parcelles de potager. L’une, très proche du ruisseau sur un pan de montagne assez basaltique, possède une terre très riche, profonde, mais le potager est entouré de grands arbres, ce qui retarde un peu les productions. Par contre au cœur de la sécheresse estivale cette ombre est un avantage et il continue à produire alors que les plantes exposées aux fortes chaleurs ont, elles, tendance à arrêter leur croissance. La deuxième parcelles se situe sur le pan d’une autre colline. Il possède aussi une très bonne terre mais, étant plus éloigné du ruisseau, il ne profite pas de l’humidité ambiante, ni de l’ombrage des arbres. Mieux exposé, il produit plus rapidement, mais il souffre plus vite en cas de canicule.

Les deux potagers sont conduits sur des planches d’environ 1m de large légèrement surélevées. Nous maintenons un sol vivant par une couverture quasi systématique du sol soit par des plantes soit par le mulch fournit par les poules lors de leurs déplacements : sur 1000m² grattés par les poules je récupère de quoi couvrir 40m² de potager. Les légumes sont associés au maximum par trois sur chaque planche, et nous procédons à une rotation complète en 4 ans. Nous faisons nous même la plupart de nos graines, que nous échangeons dans le réseau pour en acquérir de nouvelles.

C’est à 95% ma compagne qui s’occupe du potager, en plein été l’arrosage demande quelques heures par semaine, la période des semis demande beaucoup de temps il faut prévoir 2-3 journées de travail pour la mise en place et 15min par jour en entretien. La plantation en pleine terre des légumes d’été prend aussi quelques journées. Les semis directs sont aussi demandeurs de beaucoup d’attention pendant leur levée… Bref, il faut compter en moyenne sur l’année une 10 aine d’heures par semaine minimum pour cette tâche. En contrepartie le potager nous fournit en légumes sur toute l’année !

CONCLUSION

Voici un bilan de mon activité sur le terrain de 3,6ha :

  • Une bâtisse reconstruite, rendue habitable et autonome en eau, chauffage et électricité
  • La ressource en eau du terrain a été maîtrisée et répond aux besoins pour un potager, des bêtes et une cinquantaine d’arbres de pépinière
  • Un potager mis en place sur 400m², produisant le gros de notre consommation de légumes annuelle.
  • Une cinquantaine d’arbres de pépinières plantés, en bonne santé, plusieurs centaines de noyaux plantés un peu partout, une centaine d’arbres greffés dont une dizaine déjà en production
  • Une maintenance du terrain en place par une rotation de poule, production d’œufs et de viande pour l’autoconsommation, et première source de revenu.
  • Une maîtrise de l’apiculture Warré, malgré une fluctuation du cheptel inquiétante.

Depuis le premier arbre planté en janvier 2015, le terrain a bien évolué. La ruine est devenue une maison habitable, et plutôt économe en énergie. J’ai essuyé trois canicules, et je suis maintenant prêt pour passer les prochaines saisons avec un système d’irrigation au point pour les arbres de pépinière, le maraîchage et les animaux. On mange déjà les fruits de nos premiers arbres greffés, et ils sont actuellement couvert de fleurs, promesse de belles récoltes, et les arbres de pépinière poussent tranquillement, de concert avec les arbres issus de noyaux que j’ai semés. Malgré quelques échecs, mon cheptel d’abeilles se construit, et ma maîtrise de l’apiculture a bien progressé. Il me reste encore des éléments à mettre en place au cours de ces prochaines années, mais toutefois j’estime que le gros du design est en place.

L’abondance pointe déjà le bout de son nez.

Clément